in: Le fusil brisé, Février 2009, No. 81

Frères d’esprit : intensification de la coopération Europe – Otan


von: Tobias Pflüger | Veröffentlicht am: 1. Januar 2009

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Ce n’est pas tant en raison de la grave crise économique et des problèmes militaires des États-Unis que le nouveau président Barack Obama cherche à serrer les coudes avec ses alliés européens. En échange d’un pouvoir politique croissant, les États européens soutiendraient militairement encore plus fortement les États-Unis pour le maintien de l’ordre mondial occidental.

Il est possible de pointer d’ores et déjà les premiers signes d’un tel « partage de la charge » et d’un rôle croissant de l’Otan. Dès aujourd’hui, l’Europe peut utiliser les capacités de l’Otan pour mener des opérations militaires dans le cadre de l’accord Berlin +, tel qu’il est actuellement pratiqué en Bosnie. Cependant il y a aussi de plus en plus de débats sérieux pour instaurer le processus inverse et permettre à l’Otan d’avoir accès aux capacités civiles de l’Europe pour mener ses guerres (Berlin + inversé). La présidence du Conseil de l’Europe, qui incombe jusqu’à l’été 2009 à la République tchèque, a donné son mot d’ordre principal : l’amélioration du partenariat avec l’Otan dans le cadre de la politique militaire de l’Union européenne. Un rapport, rédigé sous la direction d’Ari Vatanen (groupe parlementaire des conservateurs français), a été adopté à la mi-février, avec une très faible majorité ; il demande au Parlement européen d’augmenter le travail en commun entre l’Europe et l’Otan, notamment à travers l’établissement de structures permanentes de coopération. Pour couronner le tout, au sommet de l’Otan, en avril, à Strasbourg, Baden-Baden et Kehl, le gouvernement français veut réintégrer pleinement les structures militaires de l’Otan, après plus de quarante ans d’absence. Pour cela, la France devrait être récompensée par un important poste de commandement.

Autre domaine d’intense coopération : l’Irak. Barack Obama n’a pas fixé d’échéance pour le retrait des troupes américaines. Selon Robert Gates, inamovible ministre de la Défense, plus de 40 000 soldats peuvent occuper le pays pour des décennies. À peine une semaine après l’élection d’Obama, le Conseil de l’Europe décide que la mission EU JUST LEX entraînera dès la mi-2009 les forces régulières d’Irak, et, ainsi, elle soutient directement les États-Unis dans leur occupation militaire. En décembre 2008, l’Otan dans sa totalité a pris une décision similaire.

Mais l’aspect le plus important reste la demande des États-Unis pour une aide plus large et significative dans la guerre en Afghanistan. Barack Obama veut envoyer plus de 30 000 soldats en sus des 55 000 déjà sur place. Au même moment, il insiste avec véhémence pour que l’Union européenne augmente massivement ses troupes d’occupation. Les États européens y sont déjà favorables – par exemple, M. Jung, ministre de la Défense allemand, avait annoncé, lors de la conférence sur la « sécurité » de Munich, que son pays fournira des contingents supplémentaires pour la Force de réaction rapide, en charge des opérations de contre insurrection dans le Nord de l’Afghanistan.

Tout ceci croît ensemble et forme une unité : l’Union européenne et l’Otan travaillent de plus en plus fortement pour joindre leurs efforts, planifier et mener leurs guerres.