in: IMI/DFG-VK: Kein Frieden mit der NATO

La brigade franco-allemande à Müllheim


von: Tobias Pflüger | Veröffentlicht am: 7. Januar 2009

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Lors du sommet franco-allemand de 1987, Helmut Kohl et François Mitterrand s’accordèrent sur la création d’une unité militaire mixte, la brigade franco-allemande. L’unité entra finalement en fonction en 1990 et transféra son état-major en 1992 à Müllheim, dans le Bade-Wurtemberg. En 1993, la brigade fut intégrée à l’Eurocorps (ou Corps européen), mis sur pied la même année. L’Eurocorps est un détachement militaire multinationale comptant environ 60 000 soldats, auquel participent l’Allemagne, la France, la Belgique, l’Espagne et le Luxembourg. Les 5 000 soldats environ de la brigade franco-allemande sont stationnés dans trois garnisons différentes en Bade-Wurtemberg : Donaueschingen, Immendingen et Müllheim. Müllheim est également le siège de l’état-major de la brigade franco-allemande, de la compagnie d’état-major et du bataillon de commandement et de soutien.

L’Eurocorps (et donc la brigade franco-allemande) peut être utilisé aussi bien par l’Union européenne que par l’OTAN : « Le corps est au service de l’OTAN et de l’Union européenne. Dans cette perspective, son organisation permet aussi bien des interventions autonomes que la coordination de troupes multinationales. » [1] Les engagements concrets de la brigade franco-allemande n’ont eu lieu jusqu’à présent que dans le cadre de l’OTAN, mais l’envoi à la guerre de la brigade sous drapeau européen n’est qu’une question de temps. Le profil de compétences de la brigade en fait un fer de lance des troupes d’intervention occidentales, qui se caractérisent par une haute flexibilité et une capacité de déploiement rapide et qui sont prévues pour les interventions de guerre les plus extrêmes. « La brigade franco-allemande devra répondre dans le futur aux exigences suivantes :

– Capacité d’être engagée en tant qu’unité d’éclaireurs de l’Eurocorps

– Capacité d’autonomie logistique de 30 jours […]

– Capacité d’intervention en l’espace de 5 à 10 jours pour les forces d’avant-garde aéroportées, et de 10 à 20 jours pour le reste des troupes, pleinement opérationnelles

– Capacité de recevoir des contributions multinationales supplémentaires, de préférence en provenance des autres nations de l’Eurocorps. » [2]

Fer de lance du militarisme de l’Union européenne

La brigade franco-allemande a été le premier projet commun de l’Union européenne de former une composante militaire commune de l’UE : « La création de la brigade franco-allemande a été une première étape dans la constitution d’une Europe unie dans le domaine militaire. [Elle représente] le noyau des forces terrestres européennes. » Au cours du deuxième semestre de 2008, la brigade franco-allemande a formé la plus grande partie de l’un des groupements tactiques européens (Battlegroups) : « La brigade peut ainsi fournir une contribution déterminante à la capacité de réaction militaire rapide de l’Union européenne. Sur les 2 300 soldats allemands, français, belges, espagnols et luxembourgeois du groupement tactique, la brigade en fournit 1 600. Ils doivent « être à tout moment en mesure d’intervenir partout dans le monde en quelques jours. » [3] Même si la brigade franco-allemande n’a pas encore pris part à des opérations de guerre pour le compte de l’Union européenne, comme on l’a souligné, elle est entièrement destinée à le faire tôt ou tard. La brigade a cependant déjà participé à des nombreuses interventions dans le cadre de l’OTAN.

Interventions de l’OTAN

Les relations entre l’Eurocorps et l’OTAN ont été définies par l’accord SACEUR du 21 janvier 1993. Cet accord détaille les missions de l’Eurocorps dans le cadre de l’OTAN, les compétences concernant la planification des interventions et la subordination de l’Eurocorps à une autorité de commandement de l’OTAN. Il assure en principe que l’Eurocorps est à disposition pour des interventions de l’OTAN.

La brigade franco-allemande a déjà pris part à de nombreuses missions sous drapeau de l’OTAN : « La brigade a fourni des troupes à la mission de l’IFOR en 1996 en Croatie et, à partir de 1997 et de façon durable, à la mission de la SFOR en Bosnie, où le 292e bataillon de chasseurs allemand a perdu deux camarades au cours d’un accident de tir lors de l’engagement dans le 2e contingent de la SFOR, tandis qu’un autre soldat grièvement blessé dut être rapatrié. De novembre 1997 à mars 1998, 30 soldats de la 4e compagnie du 292e bataillon de chasseurs furent engagés pour la sécurité du général commandant en chef et prirent part en tant que garde rapprochée à l’ensemble des rencontres de chefs de gouvernements destinées à la mise en application des accords de paix de Dayton. La brigade fut ensuite engagée, en 1999, à Ohrid (Macédoine). Les soldats de la 3e compagnie du 292e bataillon de chasseurs ont été les premiers à pénétrer au Kosovo depuis la Macédoine et ont ainsi lancé la mission KFOR. En 2000, la brigade a prêté secours afin de faire face aux conséquences du naufrage du pétrolier Erika sur les côtes bretonnes. En 2000/2001, la brigade intégrait à nouveau les missions SFOR et KFOR. […] En 2002/2003, la brigade est l’unité pilote du 6e contingent SFOR, et participe à la TFF/OAH (Task Force Fox, Macédoine), à la KFOR, à l’ISAF (Aghanistan) et à l’opération Enduring Freedom. En 2004/2005, elle commande la Brigade multinationale de Kaboul dans le cadre de l’ISAF. » [4]

La brigade franco-allemande représente en outre un élément essentiel de la force de réaction rapide de l’OTAN (NATO Response Force, NRF). Lors du premier exercice NRF, « Steadfast Jaguar », destiné à tester la « reconquête » d’une île le long de la côte riche en pétrole de l’Afrique de l’Ouest, la brigade franco-allemande a engagé 1 200 soldats, sur le total de 6 500 soldats participant à l’exercice. En 2006/2007, la brigade franco-allemande constitue le noyau des forces terrestres de la force de réaction rapide de l’OTAN, et en janvier 2009, des éléments de la brigade sont à nouveau déployés au Kosovo.

Une cible de choix pour les manifestations contre le sommet de l’OTAN

La brigade franco-allemande est un élément essentiel de la composante militaire de l’Union européenne, mais aussi de l’OTAN. Du fait de la proximité géographique de son quartier général, à Müllheim, avec les lieux où se dérouleront le sommet de l’OTAN en avril 2009, la brigade est particulièrement indiquée pour assurer une visibilité également régionale à la protestation contre le militarisme occidental.

Remarque

[1] Site Internet du ministère de la Défense allemand : Eurokorps, 27.07.2007, URL : http://tinyurl.com/979gm9
[2] Site Internet de la Brigade franco-allemande, URL : http://www.df-brigade.de/site_de/indexd1.htm
[3] Id.
[4] Deutsch-Französische Brigade, wikipedia (page allemande), URL: http://de.wikipedia.org/wiki/Deutsch-Französische_Brigade